Les personnes âgées rencontrent de nombreux problèmes bucco-dentaires au cours de
leur vieillissement.
Elles sont d’autant plus a risque de voir leur cavité buccale s’altérer qu’elles sont
dépendantes, démentes , dans l’impossibilité de communiquer ou en fin de vie.
Le maintien des fonctions telles que la respiration, la nutrition, la communication,l’image
de soi et la qualité de vie dépend en partie de l’état bucco-dentaire.
Cette population à risque présente des caractéristiques similaires à la majorité des
résidants institutionnalisés en EHPAD et devrait donc bénéficier d’une vigilance des
soignants pour la prise en charge de leur santé buccale.
Or cette prise en charge reste insuffisante voir négligée .
Peut-être peut-on l’expliquer de façon plurifactorielle :
- Les difficultés a évaluer l’état bucco-dentaire :
-Pas de consensus sur l’évaluation
-Absence de besoin ressenti
-Fatalité du vieillissement
- Les difficultés à prodiguer les soins préventifs et curatifs :
-Pas de consensus sur les bonnes pratiques de soins d’hygiène buccale du sujet âgé.
-Pas de consensus sur les traitements médicamenteux ou non en cas de lésions
buccales.
-Méconnaissance du retentissement des pathologies bucco-dentaires sur l’état de santé.
-Représentation mentale des soins de bouche des soignants et des patients ressentis
comme une intrusion dans la sphère intime(1).
-Difficultés d’accès aux soins et implications financières.
-Prise en charge pluridisciplinaire avec nécessité de coordination des différents acteurs
de santé paramédicaux, médicaux et chirurgien-dentistes.
Devant l’explosion démographique des personnes âgées (actuelle et à venir) ,les besoins
en soins bucco-dentaires vont s’accroître et devront s’intégrer dans la prise en charge
globale des soins gériatriques.
Conscient du problème l’HAS (Haute Autorité de Santé) envisage une conférence de
consensus sur les soins de bouche s’appuyant sur une enquête nationale, actuellement en
cours, des pratiques médicales de soins bucco-dentaires dans les structures gériatriques et
spécialisées en soins palliatifs (2).
Ce mémoire a pour objet de nous sensibiliser à cette prise en charge et d’essayer de faire
une synthèse des mesures préventives et curatives dans l’état actuel des connaissances
médicales afin de protocoliser notre démarche de soins.
4
2 – EVALUATION DE LA CAVITE BUCCALE
CETTE EVALUATION DOIT ETRE SYSTEMATIQUE A L ENTREE EN INSTITUTION
Cette étape se décline en deux phases :
Un interrogatoire
Une observation et un examen clinique
2.1 Interrogatoire
Il consiste a s’enquérir auprès du patient et /ou de sa famille des habitudes en matière
d’hygiène buccale, de son degré d’autonomie pour la réalisation des soins, du port de
prothèses dentaires ainsi que des symptômes ressentis à savoir :
Etat douloureux en précisant ses caractéristiques : spontanée ou provoquée avec la
mastication, la déglutition, la parole et pouvant être évaluée a l’aide de l’échelle visuelle
analogique de la douleur(EVA).
Sécheresse buccale (lèvres et muqueuses endobuccales).
Modification du goût.
Mauvaise haleine.
Brûlures.
Dysphagie.
Saignements.
Gerçures des lèvres.
Perlèche…
2.2 Observation et examen clinique de la cavité buccale
Cette phase systématique doit permettre une évaluation standardisée, s’appuyant sur un
référentiel commun afin de suivre objectivement l’évolution de l’état de la cavité buccale
du patient dans l’institution et de mettre rapidement en place un soin personnalisé.
Au préalable :
a) Pour le patient
Il faut l’informer de la démarche et obtenir son consentement autant que possible
Il faut l’installer confortablement soit en position assise, si possible tête en arrière ou en
position allongée, tête relevée de quarante cinq degrés (45°) sur le plan du lit.
Faire ouvrir doucement la bouche (présence éventuelle de gerçures douloureuses).
Enlever les prothèses dentaires.
5
b) Pour l’examinateur
Lavage des mains et port de gants.
Source lumineuse suffisante.
Utilisation d’un abaisse langue.
L’examen se déroule de l’extérieur vers l’intérieur de la cavité buccale : des lèvres et des
commissures puis l’intérieur des joues, la langue, le plancher de la bouche, le palais et le
fond de la gorge.
En l’absence de consensus, une grille d’évaluation de l’état de la bouche adaptée de l’oral
assessment guide de Eilers(3) et Nachnani(4) peut être proposée selon le modèle qu’utilise
les services de gériatrie des Hôpitaux Universitaires de Genève(5) (cf document ci
dessous et en annexe1)
Cette grille d’évaluation permet d’objectiver l’état buccal initial grâce au score établi (plus
score est élevé, plus la bouche est altérée) et d’en suivre l’évolution mais surtout sensibilise le
personnel à la surveillance et à l’identification des pathologies buccales.
D’autre part il permet de définir le type de soins qu’il soit préventif ou curatif et d’en évaluer
l’efficacité grâce à un rythme préconisé de deux évaluations par semaine.
6
3 – SOINS PREVENTIFS DE LA CAVITE BUCCALE
Les soins de bouche avec applications de produits non médicamenteux relèvent du rôle propre
de l’infirmière en collaboration avec les aide-soignantes(Art 3-Décret 93-345 du 15 mars 1993).
Ils ont pour but de prévenir et d’améliorer l’état buccal afin d’éviter les altérations, les
infections et de préserver autant que possible une bonne image de soi.
3.1 Les soins généraux
Assurer autant que possible une bonne hydratation générale associée à une hydratation locale
Possibilité de délivrer de l’eau en doses fractionnées voire eau gélifiée si risque de fausse
route, fruits ,glaces.
Il est toujours important d’aider le patient à bien se rincer la bouche après chaque repas.
Assurer autant que possible une nutrition correcte en évitant les aliments irritants en particulier
acides comme la vinaigrette, le citron ou citronnade ,la moutarde, les épices fortes….
3.2 Les soins d’hygiène buccale
Les soins doivent être adaptés à chaque patient en privilégiant au maximum l’autonomie du
patient :
soit le patient fait lui même le soin sous le contrôle du soignant(rôle éducatif et de
contrôle),
soit le soignant effectue entièrement les soins de la cavité buccale.
Le soin, d’une durée de cinq minutes environ, à distance et après les repas, doit comporter
le brossage des dents au moins une à deux fois par jour avec une brosse à dents personnelle, le
nettoyage des muqueuses et des prothèses dentaires. Il doit être non traumatisant.
Brossage des dents :
La brosse à dents est le matériel le plus efficace pour éliminer la plaque dentaire(6)
responsable d’infection dentaire (carie) ou gingivale.Elle doit être remplacée tous les
trois mois.
Déroulement du soin pour un patient ne pouvant assurer seul son hygiène buccale :
installation confortable de la personne âgée,
lavage des mains de la part du soignant au savon liquide ordinaires et port de gants
médicaux non stériles à usage unique,
faire ouvrir doucement la bouche,
enlever les prothèses dentaires et les placer dans leur boite avec une solution de bains de
bouche,
pratiquer l’examen de la cavité buccale qui commence par l’observation des lèvres et de
la cavité buccale puis s’achève par l’exploration des muqueuses buccales à l’aide d’un
abaisse langue et d’une lumière adaptée,
tenir la brosse à un angle de 45 degrés avec les dents ,les poils sous le rebord des
gencives, à la base des dents ,puis , dans un mouvement circulaire, massage léger à
partir de la base.
7
Le brossage des dents s’effectue de la gencive vers la dent et ce dent par dent avec une brosse
souple de préférence a poils doux avec bouts arrondis et un dentifrice doux .Il peut être complété
par le brossage de la langue en douceur afin d’éviter un réflexe nauséeux.
Le soin des muqueuses buccales nécessite un abaisse langue afin d’appliquer une compresse
humide non tissée ou un bâtonnet ouaté sur toutes les faces de la cavité buccale en débutant
par les gencives, les faces internes des joues, le palais, la langue, les lèvres.
Changement de compresse à chaque face interne et faire rincer la bouche si possible.
Le nettoyage des prothèses dentaires doit être réalisé au moins une fois par jour et est aussi
important que les dents du fait de l’apparition de la plaque avec irritation secondaire des
gencives .
Celles-ci doivent être rincées après immersion dans un bain de bouche et brossées avec
une brosse à dentier ( différente de la brosse à dents : photo Annexe II ) qui améliore l’efficacité
du brossage.
Les prothèses sont alors conservées au sec soit sur une compresse, soit dans une boite
individuelle à prothèse étiquetée au nom du malade pour la nuit, soit replacées en bouche selon
le souhait du patient en n’oubliant pas de les humidifier au préalable et de remettre la prothèse
supérieure en premier.
Un nettoyage une fois par semaine des prothèses dentaires dans un bac à ultrasons serait
souhaitable mais l’investissement financier reste coûteux (photo Annexe II).
Une attention particulière se fera alors sur le caractère adapté ou non des prothèses impliquant
soit l’utilisation de points de colle a l’intérieur de la prothèse en cas d’instabilité légère(cette
colle doit être enlevée a chaque brossage avec un coton tige tant sur les muqueuses que sur la
prothèse) soit l’avis du chirurgien-dentiste avec éventuel rebasage en cas de manque de stabilité
majeure.
Nettoyage et rangement du matériel après utilisation.
Après réalisation du soin, une évaluation de son efficacité sera noté par le soignant dans les
transmissions s’appuyant sur quelques items comme : hydratation, absence de dépôt, couleur
des muqueuses, l’haleine, la douleur …
8
4 – SOINS CURATIFS DE LA CAVITE BUCCALE
Contrairement aux soins d’hygiène buccale, les soins de bouche avec applications de produits
médicamenteux relèvent de la prescription médicale(Art 4-Décret 93-345 du 15 mars 1993).
4.1 Objectifs thérapeutiques
La prise en charge thérapeutique diffère selon l’objectif de soins :
a)objectifs curatifs : guérison des lésions, alimentation per os en quantité…
b)objectifs palliatifs : sédation de la douleur, restauration du goût, du désir et de l’estime de soi
4.2 Facteurs de risque de pathologies bucco-dentaires
Ils sont souvent présents et associés chez la personne âgée définissant ainsi le haut risque
d’altération de la cavité buccale en gériatrie :
Mauvaise hygiène bucco-dentaire.
Dénutrition.
Déshydratation.
Pathologies chroniques (diabète, hémopathie….)
Troubles praxiques.
Iatrogénie en particulier la sécheresse buccale(xérostomie) induite par de nombreuses
classes médicamenteuses :psychotropes, benzodiazépines , anticholinergiques ,
morphiniques ou corticoïdes par exemple.
Polymédication
Chimiothérapie, radiothérapie .
Alcool et tabac.
Oxygénothérapie
Prothèses dentaires inappropriées ou mal entretenues
4.3 Sécheresse buccale ( Xérostomie)
La sensation de bouche sèche est un symptôme fréquent chez le sujet âgé de plus de 65 ans :
plainte recensée chez 25 à 60% d’entre eux(7,8).
Elle n’est pas forcément corellée à une baisse importante du flux salivaire (existence d’une
légère hyposialie lors du vieillissement contrairement aux idées reçues)(9) mais imputable à
l’association des facteurs de risque cités ci-dessus en particulier les médicaments sialoprives .
Plus de 500 médicaments(liste non exhaustive) sont incriminés dans la xérostomie et
sont responsables de plus de 80% des déficits salivaires(Encadré annexe 3)
9
4.3.1 Symptomatologie
-Absence de salive claire.
-Difficulté à la parole ,à la mastication ou à la déglutition.
-Présence d’enduit sur les lèvres, sécheresse des lèvres avec sensation matinale de
lèvres collées,et de langue collée sur le palais.
-Lèvres fissurées.
-Langue cartonnée.
-Intolérance aux prothèses dentaires.
-Muqueuses rouges et vernissées.
4.3.2 Prise en charge thérapeutique.
En première intention :
- Soins d’hygiène buccale (brossage des dents, nettoyage des muqueuses et des prothèses).
- Hydratation fréquente de la bouche et humidification des lèvres :
Boire régulièrement ,environ toutes les 2 heures, par petites quantités d’eau ou d’eau
gélifiée,
de jus de fruits, coca-cola, eau pétillante citronnée, glaçons à sucer voire glaçons à
l’ananas,
compresse imbibée d’eau (sans excès pour éviter les fausses routes) enroulée sur un
bâtonnet.
- Humidification par brumisateur
- Si sécrétion salivaire résiduelle, proposition de stimulation salivaire par ingestion de fruits
frais , de morceaux d’ananas en boite non sucré ou frais mais il faut recracher les pulpes
(pouvoir décapant de l’ananas) , de chewing-gums sans sucre.
- Protection par un corps gras sur les lèvres de type Vaseline ou Bépanthen® et si besoin sur
les muqueuses buccales si asialie.
Ne pas utiliser la vaseline si assistance respiratoire par oxygène(risque de détonation et
de brûlures).
Il convient d’éviter les produits à base de glycérine qui ont tendance à dessécher les
muqueuses.
-Proposition de maquillage pour les femmes avec du rouge à lèvres
La notion de handicap esthétique est peu repéré en clinique et peu pris en compte chez
la personne âgée :l’atteinte corporelle et le vieillissement psychologique se conjuguent
pour marginaliser la personne âgée qui souffre de ce retentissement esthétique(10)
10
En deuxième intention :
-Maintien des mesures de première intention associées à des traitements médicamenteux
symptomatiques à type de :
- compensation salivaire :
Salive artificielle :Artisial ®(carboxyméthylcellulose) :6 à 8 pulvérisations endobuccales
par jour.
Composition proche de celle de la salive mais doit être fréquemment
administrée pour être efficace (évaporation)
- stimulation salivaire :
médicaments sialogogues :indication en cas de salivation résiduelle
-Salagen®(pilocarpine) :1 à 2 comprimés avant chaque repas.
Nombreuses contre-indications rendant sa prescription difficile
en gériatrie (HTA, pathologie cardio-vasculaire, glaucome..)
-Sulfarlem® S25(anétholtrithione) :1 comprimé avant
chaque repas.
L’effet thérapeutique ne se manifestant qu’après quelques jours ,il faut
adapter la posologie efficace.
-Teinture de Jaborandi :au minimum xxx gouttes 3fois par
jour avant les repas dans de l’eau.
Produit de phytothérapie
-Préparation magistrale : Méthylcellulose 5 grammes
Essence de citron xv gouttes
ou 5ml de jus de citron
Eau stérile 50 ml
- protecteur de la muqueuse buccale :
Aequasyal® (triester de glycérol oxydés) : 1
pulvérisation endobuccale
à l’intérieur de chaque joue 3 à 4 fois par jour.
Effet lubrifiant et protecteur durable(plus de 6 heures)
Pas d’utilisation d’antiseptiques locaux dans une bouche indemne de lésion car ils peuvent
nuire à la flore buccale.
11
4.4 Bouche sale
4.4.1 Symptomatologie
-Langue saburrhale
-Tartre et plaque dentaire abondante
-Dépôts et croutes
4.4.2 Prise en charge thérapeutique
-Soins d’hygiène buccale(brossage des dents et des prothèses et nettoyage des muqueuses)
-Soins de bouche réguliers toutes les 4 heures en dehors des repas avec Bicarbonate de Na
1,4%.
-Morceaux d’ananas frais ou en conserve a sucer(pouvoir décapant)
-Glaçons a l’ananas
-Corps gras pour décoller les croûtes(Vaseline voire beurre) à appliquer en fin de soin et
laisser
agir jusqu’au soin de bouche suivant avec du Bicarbonate de sodium à 1,4%.
-Application d’une salive artificielle(Artisial®) ou un protecteur des
muqueuses(Aequasyal®)
au décours du soin au Bicarbonate.
12
4.5 Bouche mal odorante, mauvaise haleine(hallitose)
4.5.1 Symptomatologie
-Mauvaise haleine
-Haleine fétide
L’haleine fétide peut provenir de causes locales ou générales.
Certaines circonstances telles que la faim ,l’hyposialie nocturne,le bourrage
alimentaire,le tabac, certains médicaments peuvent provoquer transitoirement cette
hallitose.
Idem pour des pathologies systémiques comme les néoplasies, le diabète(acidocétose)
et les infections digestives à germes anaérobies.
Certaines odeurs fortes proviennent de l’activité bactérienne orale qui produit des
dérivés soufrés responsable potentiel de pathologie inflammatoire buccale (gingivite,
parodontite)
4.5.2 Prise en charge thérapeutique
En première intention :
- Soins d’hygiène buccale (Brossage des dents et des prothèses et nettoyage des
muqueuses
et racler et brosser la langue.)
- Soins de bouche réguliers toutes les 4 heures au Bicarbonate 1,4%
ou
- Eau oxygénée à 10 volumes pour 100cc avec du Sérum Physiologique 300cc en bains de
bouche ou en application locale avec une compresse.
- Flagyl® (Métronidazole) suspension buvable :Une mesure diluée dans de
l’eau, en bains de bouche de 4 minutes le matin sans avaler pendant 7 jours
ou
- Préparation magistrale :Flagyl® injectable à 4% à raison de 120 ml
Eau distillée 380 ml
Essence de citron ou menthe XV gouttes
Imbiber les compresses et appliquer sur les muqueuses buccales.
En deuxième intention :
-Si insuffisant, maintien des soins de bouche au Bicarbonate de Na à 1,4%
toutes les
4 heures.
13
-Antibiothérapie par voie générale :Flagyl® per os 400 mg 2 fois par jour pendant
7 jours.
4.6 Bouche mycosique
4.6.1 Symptomatologie
-Mauvaise hygiène bucco-dentaire.
-Muqueuses inflammatoires.
-Dépôts blanchâtres.
-Sensation de brûlure.
-Douleurs.
-Troubles de la déglutition.
4.6.2 Prise en charge thérapeutique
-Soins d’hygiène buccale (Brossage des dents et /ou des prothèses).
-Faire tremper la brosse à dents dans de l’eau bicarbonatée ou de l’eau de Vichy.
-Supprimer les aliments acides et sucrés.
En première intention : mycose sans retentissement sur la déglutition.
-Traitement local :
Bains de bouche réguliers toutes les 4 heures avec du Bicarbonate de Na
1,4%
en dehors des repas.
-Traitement systémique :
Triflucan®50 mg suspension buvable (Fluconazole) : Une
cuillère-mesure par jour per os, au décours d’un
soin de bouche, pendant 7 à 14 jours a déglutir.
Possibilité de mélanger si besoin la solution à des
sirops sans sucre.
Si clairance de la créatinine inférieure a
40ml :mn, diminuer la posologie à une
cuillère-mesure tous les 2 jours.
Précautions importantes : nombreuses interactions
médicamenteuses avec le
Fluconazone(Triflucan®) en particulier avec les
anticoagulants oraux type AVK
(risque de surdosage des anti-vitamine K
nécessitant une surveillance plus fréquente de la
coagulation sanguine),les antidiabétiques oraux, les
antiépileptiques, les antihistaminiques ….
14
En deuxième intention : mycose avec déglutition altérée
En cas d’incapacité à déglutir les soins se résumeront à des soins locaux :
Préparation magistrale :
Bicarbonate 1 ,4% :1 flacon de 500 ml
Mycostatine® 24 ml :1 flacon
Utilisation en bains de bouche ou en application locale avec compresses environ
toutes le 4 heures.
Cette préparation est instable et ne se conserve que 3 jours à température ambiante.
En cas d’échec aux traitements cités ci dessus(en première et deuxième intention)
ou à une observation atypique ,un prélèvement par frottis buccal est indiqué en essayant
de le cibler sur les zones suspectes sinon ne pas oublier les faces internes des joues
et le palais.
Si existence de perlèches(lésions plus fréquemment bactériennes que mycosiques),
la prise en charge thérapeutique suivante peut être proposée :
Mycolog® pommade(Triamcinolone,Néomycine,Nystatine) :
Une application 2 fois par Jour(produit déremboursé par la sécurité sociale)
ou
Fucidine® pommade(A.fucidique) :Une application 2
fois par jour.
4.7 Bouche douloureuse ulcérée
4.7.1 Symptomatologie
-Douleurs
-Zone oedématiée
-Zone érythémateuse(forme aigue)
-Zone blanchâtre(forme chronique)
-Port de prothèse dentaire
L’étiologie des lésions ulcéreuses buccales sont nombreuses et peuvent être secondaires
à des infections virales ou des aphtes.
En gériatrie, la présence d’une prothèse dentaire inadaptée est la cause de la majorité des
15
ulcérations buccales.
Devant l’observation d’une lésion persistante malgré les différents traitements mis en
oeuvre et le caractère indolore de celle-ci, il faut suspecter en premier la possibilité de
néoplasie.
4.7.2 Prise en charge thérapeutique
Principe fondamental : Traiter la cause autant que possible.
En première intention : Ulcérations buccales localisées.
Soins locaux :
-Enlèvement de la prothèse dentaire si présente et inspection secondaire.
-Soins de bouche réguliers(toutes les 4 heures) au Bicarbonate de Na 1,4%.
-Bains de bouche sans alcool de préférence aroex® un demi godet doseur 3 à 4
fois
par jour à utiliser pur.
-Application locale par bain de bouche ou compresses d’anesthésiques locaux
avant les repas :
Si lésions peu nombreuses : Pyralvex® gel (Acide salicylique
rhubarbe)
ou
Dynexan 2%® pâte gingivale(Lindocaïne
chlorhydrate)
Si lésions plus nombreuses :Aspégic®1000 mg
(Acétylsalicylate de DL-lysine) :
Un sachet dans un verre
d’eau en bains de bouche sans avaler.
ou
Maxicaïne à sucer.
ou
Xylocaïne visqueuse 2%®(Lindocaïne
chlorhydrate anhydre) : Une cuillère à dessert à répartir
dans la cavité buccale sans dépasser 3 par jour.
Attendre 2 heures avant toute alimentation :
Grande prudence dans l’utilisation d’anesthésiques
locaux en gériatrie compte tenu du risque de
fausses routes et/ou de morsures accidentelles.
-Agents protecteurs après les repas :
16
Prescription d’anti-ulcéreux tel que Ulcar®(Sucrafalte)
sachets :
2 sachets dans un verre d’eau en bain de bouche de 4 minutes
environ( puis
recracher) 4 fois par jour.
En deuxième intention : Atteinte globale de la cavité buccale (ulcérations
multiples)
Avant le repas :
-Soins de bouche au Bicarbonate de Na à1,4%
-Anti inflammatoires et antalgiques locaux :
Solupred® 5mg orodispersible (Prednisolone):Un comprimé
dans un verre d’eau en bains de bouche de 4 minutes
2 fois par jour sans avaler et rinçage de la cavité
buccale à l’eau au décours.
Après le repas : utilisation d’agents protecteurs
Prescription d’anti-ulcéreux tel que Ulcar®(Sucralfate)
sachets :
2 sachets dans un verre d’eau en bain de bouche de 4 minutes
environ (puis
recracher ) 4 fois par jour.
4.8 Bouche hémorragique
4.8.1 Symptomatologie
- Saignements.
4.8.2 Prise en charge thérapeutique
- Conseils nutritionnels adaptés :suppression des aliments trop irritants ou trop secs
ainsi que l’alcool et le tabac.
- Soins de bouche au Bicarbonate de Na à 1,4% réguliers toutes les 4 heures.
En première intention : En cas de saignements localisés.
- Soins locaux : Alginate de calcium.
Coalgan® cubes sur la lésion hémorragique.
17
Sorbsan® mèche stérile.
En deuxième intention : En cas de saignements diffus.
- Soins locaux :
Algostéril® soluble dans l’eau bicarbonatée en gargarisme ou en compresse par
tamponnements.
ou
Dicynone® injectable 250 mg : Une ampoule dans un verre d’eau en
application locale avec compresse ou en bains de bouche (sans avaler)
ou
Exacyl® ampoule buvable 1 gramme : Une ampoule dans un verre d’eau
en application locale avec compresse ou bains de bouche(sans avaler)
ou
Sachet de Thé : Pouvoir hémostatique du tanin.
4.9 Lèvres sèches
4.9.1 Symptomatologie.
- Sécheresse.
- Fissures .
4.9.2 Prise en charge thérapeutique.
- Soins locaux :
Crakless® stick
ou
Bépanthen® pommade
ou
Rouge à lèvres pour les femmes
ou
18
Cold cream
ou
Cérat de Galien
ou
Vaseline :
Attention si le patient est sous oxygène :
proscrire la vaseline ou tout autre corps gras en raison du risque
de brûlure,
les corps gras sont des substances inflammables.
5 – CONCLUSION
L’état de la cavité buccale de la personne âgée est souvent altéré de part le
vieillissement physiologique et l’existence fréquente de pathologies associées.
De plus, le retentissement des pathologies buccodentaires est important sur l’état de
santé et la qualité de vie des personnes âgées (11-12-13).
L’évolution démographique avec l’augmentation du nombre des personnes âgées à
venir nous impose une prise en charge préventive et curative des soins bucco-dentaires
en gériatrie.
Cette prise en charge doit passer par une coordination multidisciplinaire accrue des
soins en intégrant les chirurgien-dentistes et en facilitant la prévention par la
sensibilisation et la formation du personnel soignant médical et paramédical.
L’évaluation systématique de la cavité buccale et les mesures préventives régulières en
soins d’hygiène buccale apportent une sensation de bien être et contribue à la sécurité
de la personne âgée. Elles permettent de mieux comprendre les modifications de
comportement de la personne âgée par la surveillance de critères comme l’alimentation,
l’hydratation, l’élocution, la communication, la douleur ou l’estime de soi.
La prise en charge de la santé buccale de la personne âgée illustre bien les spécificités
de la gériatrie à savoir la prise en charge globale de la personne âgée avec nécessité de
coordination multidisciplinaire(rôle clé du médecin coordonnateur en HPAD), l’absence
de consensus sur les bonnes pratiques médicales sur le sujet et les objectifs
thérapeutiques réalistes à atteindre en tenant compte de l’orientation curative ou
palliative des soins.
« Elle est belle, la bouche.
Tout commence par elle, du premier cri à la première tétée,
du premier baiser d’amour au dernier baiser d’adieu ».
19
Claude OLIEVENSTEIN(14)
6 ANNEXES
6.1 ANNEXE I
20
6.2 ANNEXE II
21
22
6.3 ANNEXE III
23
7 BIBLIOGRAPHIE
1.Bernard MF, « Représentations mentales et difficultés des soignants dans la
réalisation des soins de bouche » . Limeil Brévannes, Objectif soins 2003 ;113 ;22-31.
2.SFAP(Société Française d’Accompagnement et soins Palliatifs).Groupe de travail sur
les soins de bouche. http:// www.sfap.org.
3.Eilers J. ;Berger AM,Petersen MC, “ Development,testing and application of the oral
assessment guide”,Oncol Nurs Forum,1988(15) 325-330.
4.Nachnani S. « Oral malodour » in:NEWMAN mg,Van Winkelhoff AJ,eds “Antibiotic
and antimicrobial use in dental practice” 2nd ed: Quintessence Plublishing
Company,Chicago
2001:127-141.
5.Hôpitaux Universitaire deGenève.http://www.hug.ge.ch.
6.Pearson LS., « A comparaison of the ability of foam swabs and toothbrushes to
remove dental plaque:implications for nursing practice,J ADV Nurs,23,62-69.
7.Nagler RM.Salivary glands and the aging process:mechanistic aspects,health-status
and medicinal-efficacy monitoring.Biogerontology 2004;5:223-33.
8.Pajukoski H,Meurman JH,Halonen P et al.Prevalence of subjective dry mouth and
burning mouth in hospitalized elderly patients and outpatients in relation to saliva,
medication and systemic disease.Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod
2001;
92:641-49.
9.Drummond JR,Chisholm DM.A qualitative and quantitative study of the ageing
human labial salivary glands.Archs Oral Bio 1984;29:151-55.
10.Dubreuil C,Hazif-Thomas C,Bouche C,Thomas P.Handicap esthétique de la
personne âgée. La Revue Francophone de Gériatrie et de Gérontologie 2005 ;12 :416-
20.
11.Papas AS,Palmer CA,Rouds MC et al.The effects of denture status on nutrition.
Spec Care Dent 1998 ;18 :17-25.
12.Mattila K,Nieminen M,Valtonen V et al.Association between dental health and
acute myocardial infarction.Br Med J 1989;298:779-81.
13.Syrjänen J,Peltola J,Valtonen V et al.Dental infections in association with cerebral
infarction in young and middle-age men.J Intern Med 1989;225:179-84.
14.Olievenstein C.Ecrit sur la bouche. Ouvrage édition Odile Jacob 1995;245.
Posted in general | No Comments »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire