7/19/2011

Cardiopathies ischémiques symptomatiques . Infarctus du myocarde

L'infarctus du myocarde résulte d'une ischémie prolongée du
myocarde . Dans l'immense majorité des cas, cette ischémie est précipitée
par un thrombus coronaire occlusif au niveau du siège d'une
sténose athérosclérotique préexistante . Occasionnellement, l'infarctus
du myocarde peut résulter d'un spasme ou d'une embolie des artères
coronaires .
La localisation et l'extension dépendent de la distribution anatomique
des vaisseaux et de la circulation collatérale . Elles déterminent le
schéma clinique, les complications précoces et le pronostic à long terme .
Il s'agit d'une urgence médicale qui nécessite une hospitalisation
immédiate en unité de soins intensifs . Plus de 50 p. 100 des décès
surviennent dans les deux heures qui suivent le début des symptômes,
le plus souvent par fibrillation ventriculaire .
RAPPELS - GÉNÉRALITÉS
Manifestations cliniques

Les manifestations cliniques sont fonction de la localisation et de
l'étendue des lésions .
• Il est classique de distinguer deux phases, hyperaiguë et aiguë, qui
sont observées respectivement durant les 6 premières heures et les
24 heures suivantes .
Ce chapitre a été relu par le Pr G. Sic.
36
CHIRURGIE DENTAIRE ET PATIENTS À RISQUE
• Les manifestations cliniques sont dominées par la douleur . Celle-ci
en termes de radiation et de localisation est similaire à celle de l'angine.
La douleur de l'infarctus du myocarde est spontanée, prolongée
(supérieure à 30 min), résistante à l'administration sublinguale de
dérivés nitrés et, le plus souvent, intense et angoissante . Parfois, elle a
un masque trompeur, pseudodigestif : douleurs épigastriques, diarrhées,
nausées, vomissements, sueurs .
Diagnostic

Le diagnostic positif nécessite l'association d'au moins deux des
trois critères suivants :
- douleur typique:
- modification typique de l'électrocardiogramme ;
- élévation des enzymes cardiaques .

L'interrogatoire est une des composantes essentielles du
diagnostic .
• Le diagnostic d'infarctus est confirmé par des examens biologiques,
tout particulièrement le dosage des enzymes cardiaques . Les valeurs
du pic de créatinine kinase sont corrélées avec l'importance de l'infarctus
. La lactodeshydrogénase sérique peut rester élevée 5 à 7 jours.
Par ailleurs, une leucocytose (109 à 20 x 10 9/l) est souvent objectivée
le deuxième jour, puis disparaît dans la semaine qui suit .
• Le tracé électrocardiographique à la phase aiguë est un élément
essentiel du diagnostic . Dans les premières heures, on observe successivement
- une augmentation d'amplitude des ondes T, • géantes
- puis très rapidement un décalage majeur du segment ST dans la
zone de l'infarctus, englobant l'onde T et réalisant l'onde de Pardee :
- puis à partir de 3 à 6 h, l'apparition d'ondes Q, dites de nécrose, qui
signent des dégats irréversibles .
• La radiographie pulmonaire peut révéler des signes d'insuffisance
cardiaque . L'échocardiographie permet d'aider au diagnostic et au
traitement . Le Doppler reste probablement la procédure la plus appropriée
pour diagnostiquer une régurgitation mitrale postinfarctus ou
une communication interventriculaire .

Enfin . il faut citer les mesures hémodynamiques . Cependant, leur
intérêt est limité à des cas complexes .
• A posteriori, une sequelle d'infarctus peut être diagnostiquée par
des techniques d'imagerie cardiaque : échocardiographie, angiocardiographie,
ventriculographie isotopique ou scintigraphie myocardique
de perfusion au thallium 201 .
INFARCTUS DU MYOCARDE
3 7
Complications
• Bien qu'un infarctus puisse se produire avec peu de manifestations
cliniques (il peut être totalement silencieux), les complications
ne sont pas sans incidences cliniques . Il s'agit essentiellement :
- d'arythmies : ventriculaire . (tachycardie ventriculaire . fibrillation),
auriculaire (tachycardie . flutter, fibrillation . etc .):
- d'insuffisance cardiaque ;
- de régurgitation mitrale :
- de déficience du septum ventriculaire :
- d'anévrisme du ventricule gauche ;
- d'hypertension :
- d'hypotension :
- de péricardite ;
- du syndrome de Dressler .
• Le pronostic est fonction de l'importance des lésions et des facteurs
de risques (arrêt du tabac . régime alimentaire, etc .) . Durant les six
premiers mois qui suivent l'infarctus . le patient est hautement exposé
à une récidive . Au-delà, l'incidence diminue progressivement . Après
un an, ce risque est de l'ordre de 5 p . 1(X) .
Traitement
Le traitement de l'infarctus est orienté vers la restauration de la
perfusion du myocarde (traitement thrombolytique) et vers la réduction
de la consommation en oxygène du myocarde .

La première orientation du traitement consiste :
- à mettre en oeuvre les gestes d'urgence (ventilation artificielle,
massage cardiaque externe) en cas d'arrêt ventilatoire et/ou circulatoire
;
- à hospitaliser le patient en unité de soins intensifs :
- à monitorer les fonctions vitales :
- à la mise en place d'un accès intraveineux et à l'administration
d'oxygène :
- à contrôler la douleur .
En phase aiguë, la démarche suivante est réalisée :
- administration de morphine ou de dérivés:
- administration d'acide acétylsalicylique :
- thrombolyse intraveineuse s'il n'y a pas de contre-indication :
- angioplastie en urgence en cas de contre-indication à la thrombolyse .
La réduction de la consommation d'oxygène est essentiellement axée
sur le contrôle de la douleur . Ce contrôle de la douleur, qui est aussi
destiné à réduire le niveau de catécholamines circulantes . est assuré par
l'administration intraveineuse de sulfate de morphine (1-4 mg) qui est
répétée toutes les .5 à It) min jusqu'au contrôle de la douleur ou l'émergence
des effets secondaires (nausée . hypotension, dépression respira3
8
CHIRURGIE DENTAIRE ET PATIENTS À RISQUE
toire) pouvant être prévenus ou traités respectivement par des antihémétiques,
par une hydratation adéquate et l'administration intraveineuse
de 0,4 mg d'hypochloride de naxolone . L'hypochloride de mépéridine
est une alternative au sulfate de morphine . La trinitrine
sublinguale (0,15-0,6 mg) ou IV (25-50 μg) suivie d'une perfusion à
10 pg/min peut être utile dans le traitement de la douleur ischémique . La
sédation (par administration d'anxiolytiques à faibles doses), est bénéfique
les premiers jours .
Une alimentation (1200 à 1800 cal) dépourvue de sel et de cholestérol
est souhaitable . Au contrôle de la douleur, au repos et à la sédation qui
participent à la réduction de la consommation d'oxygène, les (3-
bloquants ont prouvé leur efficacité quant à la limitation de la taille de
l'infarctus et la diminution de la mortalité .
La reperfusion du myocarde ischémié constitue la deuxième orientation
du traitement . Traitement thrombolytique et angioplastie en
constituent les approches classiques .
Manifestations buccales
De façon identique à l'angine de poitrine, la douleur thoracique peut
irradier à la tête et au cou .
ÉVALUATION
EN PRATIQUE QUOTIDIENNE
• L'évaluation repose sur un questionnaire médical destiné à
connaître, d'une part, le temps écoulé depuis l'infarctus et, d'autre
part, les complications associées .
Un entretien avec le praticien traitant permettra de préciser l'état de
santé du patient et le traitement suivi (nature et posologies) .
• Selon la classification élaborée par la Société Américaine des Anesthésistes,
les patients stables appartiennent à la classe Ill ; les patients
instables appartiennent à la classe IV et les patients présentant un
infarctus aigu appartiennent à la classe IV/V . Rappelons que les
patients classés ASA 111 sont considérés comme ayant une affection
systémique sévère nécessitant la prise de précautions au cours des
soins, une exposition minimale au stress ainsi qu'une consultation
médicale . Les patients classés ASA IV sont considérés comme ayant
une affection systémique affaiblissante qui les immobilise et qui représente
un risque vital. Il s'agit de patients chez qui une consultation
médicale s'impose et chez qui le traitement, nécessitant la prise de
précautions strictes, doit être réalisé en milieu hospitalier . Les patients
appartenant à la classe V ne sont pas susceptibles de vivre au-delà de
24 heures . Seuls les soins qui sont indiscutablement urgents seront
réalisés et ceux-ci exclusivement en milieu hospitalier .
INFARCTUS DU MYOCARDE
3 9
Cette évaluation permet (le définir trois catégories de patients
pouvant être rencontrés en pratique quotidienne
- patients ayant fait un infarctus dans le mois précédent :
- patients ayant fait un infarctus il y a plus d'un mois mais moins
d'un an ;
- patients ayant fait un infarctus il y a plus d'un an .
PRÉCAUTIONS À PRENDRE
EN PRATIQUE QUOTIDIENNE
Les précautions à prendre chez un patient ayant fait un infarctus
sont fonctions du temps écoulé depuis l'infarctus et des complications
cardiovasculaires qui y sont associées . La persistance de manifestations
telles que : angine . troubles du ryttune, insuffisance cardiaque,
traduit un contrôle médical limité .
Précautions générales
Consultation et informations médicales

line consultation sera demandée :
- en présence de signes ou de symptômes suggérant que le patient est
exposé à un infarctus :
- lorsque même sous traitement . le patient est symptomatique;
- lorsque le patient sujet ayant des antécédents d'infarctus n'a pas
consulté dans l'année qui précède ou lorsque, présentant plusieurs
facteurs tie risques, il n'a pas été récemment évalué médicalement
(examen physique . ECG) .

Le médecin traitant sera consulté :
- en cas d'incertitude sur l'état de santé du patient ou chez le patient
diagnostiqué pour connaître précisément son état de santé, la sévérité
de l'affection . la nature du traitement suivi (prescriptions et posologies)
et le niveau de contrôle :
- pour définir, selon les soins envisagés, les éventuelles modifications
concernant le traitement :
- lorsque d'autres pathologies sont présentes et/ou lorsque le patient
est polyniédiqué .
Précautions à l'égard du stress
• Le contrôle de l'anxiété et la réduction du stress doivent constituer
les préoccupations prioritaires du praticien . Ceux-ci nécessitent une
excellente mise en confiance du patient non seulement à l'égard du
praticien mais aussi du personnel . Le patient sera encouragé à s'exprimer
et le praticien devra étre à l'écoute des questions du patient .
4 0
CHIRURGIE DENTAIRE ET PATIENTS À RISQUE
Chez un grand nombre de patient, l'anxiété peut être réduite par
une prémédication sédative . Les benzodiazépines qui ont des effets
dépresseurs limités sur le système cardiovasculaire constituent le
meilleur choix dans le cadre d'une sédation pharmacologique par voie
orale . Cependant, la sédation par inhalation de protoxyde d'azote
reste le meilleur moyen d'anxiolyse peropératoire chez les patients
ayant une cardiopathie ischémique . La sédation par voie intraveineuse
qui n'est pas contre-indiquée sera réalisée en milieu hospitalier
tout particulièrement dans les formes sévères .

Les soins, si possible de courte durée, seront de préférence (bien
que discutable) réalisés le matin .

Le patient sera revu ultérieurement si toute manifestation d'appréhension
ou d'anxiété apparaît pendant le rendez-vous .
Précautions à prendre dans le cadre de l'anesthésie

Comme pour tout patient présentant une affection cardiovasculaire,
l'administration des anesthésiques doit se faire avec prudence .
• Concernant la réalisation des anesthésies locales, les règles énoncées
pour l'angine de poitrine (voir chapitre 3) restent les mêmes pour
le patient ayant des antécédents d'infarctus . L'utilisation des vasoconstricteurs
n'est pas contre-indiquée (voir chapitre 2), mais il est
recommandé de ne pas dépasser 0,04 mg d'adrénaline, ce qui correspond
à 2 carpules à 1 :100 000 ou 4 carpules à 1 :200000 . Dans tous les
cas, une aspiration avant injection doit être réalisée pour s'assurer
que cette dernière n'est pas intravasculaire . De plus, cette injection se
fera lentement. En fait, l'utilisation de vasoconstricteurs moins puissants
telle que la lévanordéfrine sera préférée . L'usage des vasoconstricteurs
sera exclu chez les patients non contrôlés ou sujets à des
troubles du rythme . Dans ces cas là, la mépivacaine 3 p . 100 ou la
prilocaine seront utilisées .
Précautions à l'égard du traitement suivi par le patient
À l'exception du cas des anticoagulants (voir ci-dessous), il n'y a pas
de modification particulière à apporter au traitement suivi par le patient.
• Toutefois, comme dans le cas de l'angine de poitrine (voir chapitre
3) certaines prescriptions (vasodilatateurs, 13-bloquants, etc .) pouvant
interférer sur les soins, doivent être prises en considération en raison
de leurs effets secondaires .
Précautions à prendre à l'égard des troubles
de l'hémostase et de la coagulation

Ces précautions concernent les patients sous AVK, sous acide
acétylsalicylique ou ticlopidine .
INFARCTUS DU MYOCARDE
4 1
Les modalités à suivre concernant la réalisation d'actes chirurgicaux
chez le patient sous anticoagulants sont exposées dans le cadre des
troubles de l'hémostase et de la coagulation (voir chapitre 25) . En règle
générale pour les actes à l'origine d'un saignement limité, l'INR (voir
chapitre 25) doit être inférieur ou égal à 2 . Si les actes sont plus conséquents
ou que le saignement est imprévisible, le patient sera adressé
pour modification éventuelle de la posologie . En fait . selon le cas -
nature des actes à réaliser et indication précise de la prescription - les
anticoagulants seront maintenus, réduits ou feront l'objet d'un relais à
l'héparine . La décision est de la responsabilité du médecin traitant du
patient (généraliste ou hématologue) qui définira, selon les informations
données par le chirurgien-dentiste quant à la nature de l'intervention,
les modalités à suivre y compris la réalisation éventuelle des actes
en milieu hospitalier.
Chez les patients sous acide acétylsalicylique ou ticlopidine, le
temps de saignement doit être vérifié . Si celui-ci est allongé, la
démarche qui sera suivie est celle qui est présentée dans le chapitre
25 .

Dans tous les cas, si des modifications du traitement doivent être
envisagées, elles le seront en accord avec le praticien traitant .
Précautions à l'égard du risque infectieux
• Les mesures universelles d'hygiène et d'asepsie doivent être
respectées pour réduire au minimum le risque de transmission
croisée de pathologies infectieuses bactériennes et/ou virales .
Précautions à prendre dans le cadre de la prescription

Le paracétamol ne présente pas de contre-indication . Chez les
patients sous AVK, la prescription d'AINS est à éviter .

En raison de leurs effets cardiodépresseurs, les barbituriques et les
narcotiques sont aussi à éviter .
Précautions à l'égard de pathologies concomitantes
et/ou de complications associées
• La présence de pathologies et/ou de complications associées (insuffisance
rénale, diabète . etc .) nécessite de prendre en plus les précautions
qui sont spécifiques à ces pathologies et/ou à ces complications
ainsi que vis-à-vis des prescriptions qui s'inscrivent dans leurs traitements.
Précautions à prendre dans le cadre de soins urgents
• Si des soins urgents s'imposent, dans l'attente d'une évaluation
médicale, seul le minimum sera réalisé . Dans les formes sévères . ils
seront réalisés en milieu hospitalier sous surveillance médicale .
4 2
CHIRURGIE DENTAIRE ET PATIENTS À RISQUE
Autre(s) précautions)
• En cas d'oedème pulmonaire associé, le patient sera placé en position
assise . Un apport d'oxygène par canule nasale ou au masque sera
particulièrement bénéfique .
Précautions spécifiques
Chez le patient ayant fait un infarctus
dans le mois précèdent
• Seuls l'examen endobuccal . les instructions d'hygiène, les prises
d'empreinte et les actes de dentisterie simples qui s'avèrent urgents et
en accord avec le praticien traitant (généraliste ou cardiologue) pourront
être réalisés .
• Tout autre type de traitement sera repoussé au-delà d'un mois . En
cas d'urgence, les traitements doivent être les plus conservateurs
possible . Si un traitement chirurgical doit être envisagé (y compris
l'avulsion simple d'une dent) le praticien qui suit le patient doit être
consulté . Dans la mesure du possible ces procédures seront réalisées
en milieu hospitalier sous monitorage permanent .
Chez le patient ayant fait un infarctus
plus d'un mois mais moins d'un an auparavant
• Le chirurgien-dentiste doit s'entretenir avec le médecin traitant . l'informer
du plan de traitement et avoir confirmation des traitements
suivis par le patient et prendre connaissance des problèmes éventuels
associés à son antécédent d'infarctus .

L'examen endobuccal, les instructions d'hygiène et les prises d'empreinte
pourront être réalisés sans protocole particulier .
• Les soins non chirurgicaux ainsi que les procédures chirurgicales
simples (avulsions simples, curretage, etc .), pourront être pratiqués
après consultation avec le médecin traitant . Dans tous les cas, les
procédures seront réalisées en respectant les précautions générales
décrites ci-dessus .
• Pour certains auteurs, il est préférable de différer les procédures
chirurgicales plus conséquentes (avulsions multiples, chirurgie nécessitant
un lambeau d'accès, avulsion simple ou multiple de dents de
sagesse, etc .) de façon à ce que douze mois se soient écoulés après
l'infarctus .
Chez le patient ayant fait un infarctus il y a plus d'un an

Les procédures non chirurgicales et les procédures simples (avulsion
simple, curretage, etc .) pourront être envisagées.
INFARCTUS DU MYOCARDE
43
• Les procédures plus complexes ne seront réalisées qu'après entretien
avec le praticien traitant . Ces procédures seront préférentiellement
faites en milieu hospitalier tout particulièrement si une anesthésie
générale est envisagée .
• Enfin, si durant les soins, le patient ayant des antécédents d'affection
coronaire devient fatigué ou présente des changements au niveau
du pouls (fréquence, rhvthme) . les soins seront immédiatement interrompus
et le patient sera placé sous monitoring .
Infarctus au fauteuil
En cas d'apparition d'un infarctus du myocarde pendant les soins, il
sera fait appel d'urgence à une équipe médicalisée . Les fonctions
vitales seront surveillées et une administration d'oxygène sera pratiquée
. En cas d'arrét cardiocirculatoire et/ou ventilatoire, massage
cardiaque et ventilation artificielle seront mis en oeuvre . Une administration
IV de morphine (2 mg) . destinée à réduire la douleur sera
répétée toute les 5 minutes .
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Cardiopathies ischémiques symptomatiques . Angine de poitrine

Les cardiopathies ischémiques résultent d'une réduction en apport
d'oxygène au niveau cardiaque . Elles représentent la première cause
de morbidité et de mortalité en Europe de l'Ouest et en Amérique du
Nord . L'athérosclérose des artères coronaires (voir chapitre 1) en
constitue l'étiologie majeure . Ces affections cardiaques ischémiques
peuvent être longtemps asymptomatiques . Lorsqu'elles deviennent
symptomatiques, elles peuvent se manifester sur le plan clinique sous
forme de douleurs brèves, c'est le cas de l'angine de poitrine, ou
prolongées, c'est le cas de l'infarctus du myocarde qui sont présentés
respectivement dans les chapitres 3 et 4 .
RAPPELS - GÉNÉRALITÉS
L'angine de poitrine est une manifestation symptomatique d'origine
ischémique se traduisant par des douleurs paroxystiques siégeant
essentiellement au niveau de la poitrine . Ces douleurs sont déclenchées
par l'effort et rétrocèdent au repos . Quatre-vingts pour cent des
patients souffrant d'angine de poitrine sont de sexe masculin .
Lorsque les manifestations sont stables en termes de fréquence
et/ou de sévérité . l'angine de poitrine est dite stable .
Par contre, lorsque les manifestations progressent ou qu'elles apparaissent
au repos, l'angine est dite instable, on parle de syndrome de
Ce chapitre a été relu par le• Pr G. STF.G .
24
CHIRURGIE DENTAIRE ET PATIENTS À RISQUE
menace. Cette dernière forme, qui se situe entre l'angine stable et l'infarctus
du myocarde, est de pronostic potentiellement grave . Dans ce
cadre, une forme particulière dite angine de Prinzmetal, attribuée à un
spasme des artères coronaires, se manifeste essentiellement au repos .
Ces trois formes sont volontairement regroupées dans ce chapitre
car d'une part, les traitements médicaux sont sensiblement semblables
et . d'autre part, les précautions à prendre reposent sur le degré de
sévérité et non sur la forme étiologique .
Manifestations cliniques
• La crise d'angine de poitrine résulte d'une ischémie temporaire du
myocarde . Elle se manifeste le plus souvent au cours d'un effort ou
d'un stress . Dans tous les cas . les besoins en oxygène du myocarde
sont supérieurs aux apports.
• Les manifestations cliniques sont représentées par une douleur
rétrosternale, une lourdeur ou une pression irradiante au cou et/ou à
la mandibule, aux épaules et aux bras . Cette douleur dure une à trois
minutes si le stimulus est réduit ou supprimé . Appréhension, tachycardie,
élévation de la tension artérielle et sueurs accompagnent le
plus souvent la douleur .
• L'angine de poitrine peut être déclenchée par de nombreux facteurs
: exercice, stress émotionnel, exposition au froid, repas copieux
ou par d'autres facteurs augmentant les besoins en oxygène du
myocarde : fièvre, tachycardie ou diminuant l'apport d'oxygène :
monoxyde de carbone . anémie. etc .

L'examen physique d'un patient faisant de l'angine de poitrine peut
être entièrement normal .
Diagnostic

Le diagnostic est le plus souvent fortement suspecté à l'interrogatoire
qui est destiné à préciser
- les circonstances qui déclenchent ou mettent fin aux douleurs ;
- les caractéristiques des douleurs : localisation, durée, irradiations
associées ;
- les effets de la trinitrine ;
- la présence d'un ou plusieurs facteurs de risque .
• Toutefois, l'électrocardiogramme, surtout s'il est enregistré au cours
d'une crise, permet de confirmer le diagnostic . Sinon, il faut le plus
souvent recourir à un test de provocation, habituellement une
épreuve d'effort . parfois couplée à une scintigraphie myocardique au
thallium 201 . Si besoin, le diagnostic est formellement confirmé par la
coronographie . Il est à noter que dans plus de 30 p . 100 des cas l'électrocardiogramme
est normal .

Les éléments essentiels de diagnostic sont
ANGINE DE POITRINE
25
- douleur précordiale habituellement précipitée par le stress ou
l'exercice :
- signes électrocardiographique ou scintigraphique d'ischémie :
- rétrécissement significatif d'une ou plusieurs artères à la coronographie
.

Le diagnostic différentiel inclut d'autres étiologies
- cardiovasculaires (prolapsus de la valve mitrale, péricardite ou
dissection de l'aorte) :
- non cardiovasculaires (spasme oesophagien, oesophagite, gastrite,
embolie pulmonaire et anxiété).
• Lorsque le diagnostic d'angine de poitrine est établi, la sévérité doit
être évaluée : fréquence, stabilité, facteurs de risque associés . facteurs
déclanchants en permettront la détermination . Ainsi, une classification
en terme d'angine légère . modérée, sévère ou instable permettra non
seulement (le définir les stratégies thérapeutiques à mettre en place
sur un plan médical général mais aussi d'orienter les précautions à
prendre lors des soins buccodentaires chirurgicaux et non chirurgicaux
.

Le pronostic dépend du degré de sténose et du nombre d'artères
coronaires sténosées . Il est hautement variable et imprévisible .
Traitement
Le traitement de l'angine (le poitrine repose sur une ou plusieurs
des approches suivantes
- la réduction des facteurs de risque :
- les administrations médicamenteuses ;
- l'angioplastie coronaire ;
- la chirurgie .
Réduction des facteurs de risque
Elle consiste essentiellement en l'arrêt du tabac, au contrôle du
diabète et de l'hypertension .
Médicaments
Ils sont destinés à réduire la demande en oxygène du myocarde ou à
en augmenter l'apport . Il s'agit des dérivés nitrés, des (3-bloquants et des
inhibiteurs calciques dont le choix et l'association sont fonction de la
fréquence d'administration . du dosage, de la sévérité des symptômes .
des pathologies associées et de l'âge du patient ainsi que de son activité .
Dérivés nitrés
Les dérivés nitrés, par leurs effets veinodilatateurs et à un moindre
degré artériodilatateurs . diminuent la pression artérielle et le volume
cardiaque réduisant ainsi la demande en oxygène du myocarde . Des
26
CHIRURGIE DENTAIRE ET PATIENTS À RISQUE
préparations sublinguale, orale, topique (transdermique) et intraveineuse
particulièrement efficaces sont disponibles . Les formes sublinguales
(comprimés, ampoules. spray) sont utilisées dans le traitement
des crises et dans leur prévention . Ces différentes formes ont une
durée d'action d'environ 20 minutes . Les formes orales (comprimés .
capsules) ont une durée d'action d'environ 8 heures . Les formes
topiques ont des effets similaires, leur avantage est qu'elles ne sont
pas soumises au métabolisme hépatique . Les formes injectables sont
du domaine hospitalier . Des effets secondaires : céphalées (caractéristiques
de l'administration d'une dose de trinitrine appropriée lors du
traitement d'une attaque) . tachycardie et hypotension sont associés à
l'usage des dérivés nitrés . De p lus. i l existe, selon la nature du traitement
(durée, posologie) une pharmacodépendance qui nécessite des
interruptions de prescription .
P-bloquants
Les j3-bloquants, en inhibant la stimulation des récepteurs
(3-adrénergiques, réduisent la fréquence cardiaque et la force de
contraction du myocarde, réduisant ainsi la demande en oxygène . Ils
sont efficaces aussi bien dans le traitement que dans la prévention de
l'angine de poitrine . Ils constituent la pierre angulaire du traitement de
l'angine de poitrine d'effort . IIs ont deux contre-indications majeures
l'insuffisance cardiaque et l'asthme . En effet, les 0-bloquants peuvent
favoriser des bronchospasmes chez les patients asthmatiques et chez
les patients présentant des affections pulmonaires obstructives, ils
peuvent causer des bradycardies sévères chez les sujets présentant
des troubles conductifs, masquer les symptômes d'une hypoglycémie
ou déclencher un phénomène de Raynaud .
Antagonistes calciques
Les antagonistes calciques (nifédipine . vérapamil . diltiazem, etc .)
sont particulièrement efficaces dans la prévention du spasme coronaire
. Ils sont aussi très utiles dans le traitement de l'angor d'effort visà-
vis duquel ils agissent par relachement des muscles lisses suite à l'inhibition
du flux membranaire des ions calciques induisant une
vasodilatation des artères coronaires et périphériques . Les antagonistes
calciques peuvent être utilisés seuls, mais ils sont plus efficaces
lorsqu'ils sont associés aux dérivés nitrés et aux R-bloquants . Les
oedèmes des membres inférieurs constituent les effets secondaires les
plus fréquents des antagonistes calciques . Ils sont également hypotenseurs
et inotropes négatifs.
Angioplastie transluminale des coronaires
Elle consiste à introduire, par voie percutanée, un ballonnet à l'intérieur
d'une coronaire pour effectuer une dilatation d'un ou plusieurs
rétrécissement athéromateux . Elle connaît un grand essor . Ses indications
respectives par rapport à celles de la chirurgie sont encore
ANGINE DE POITRINE
27
débattues . Elle représente déjà un plus grand nombre de procédures
que le pontage .
Chirurgie
Les différentes approches chirurgicales sont présentées dans le
chapitre 1 :3 .
Manifestations buccales
Les manifestations buccales sont de deux types : les unes douloureuses
. les autres sont la conséquence des médications .
La douleur associée à l'angine peut irradier à la tête et au cou . Dans
un tel cas, les localisations sont essentiellement dentaires et maxillaires
. Dans certaines circonstances, le patient rapporte des sensations
de brûlures au niveau de la langue et du palais dur . Toutes ces
douleurs sont généralement simultanées à la douleur thoracique.
Les manifestations associées aux médicaments sont principalement
des brûlures au siège de l'administration des dérivés nitrés et des
céphalées . Des phénomènes d'hyperplasie et de fibrose gingivale sont
induits par les inhibiteurs calciques .
ÉVALUATION
EN PRATIQUE QUOTIDIENNE
• Pour le chirurgien-dentiste, l'appréciation (le la sévérité est déterminante
dans la conduite à tenir face à un patient angineux . L'évaluation
par le praticien repose sur un questionnaire médical précis . Celuici
doit permettre de connaître la fréquence des a ttaques . la nature du
traitement suivi et les conditions d'apparition (repos . exercice . stress .
etc .) .
• Selon la classification élaborée par la Société Américaine des Anesthésistes
(ASA ) . les patients présentant une angine stable appartiennent
à la classe Il 111 ; les patients présentant une angine de Prinzmetal
appartiennent à la classe 111 et les patients présentant une angine
instable appartiennent à la classe IV . Rappelons que les patients
classés ASA Il sont considérés comme ayant une affection systémique
légère à modérée, stable, nécessitant la prise de précautions mineures
au cours des soins ainsi qu'une réduction du stress . Les patients
classés .ASA III sont considérés comme ayant une affection systémique
sévère nécessitant la prise de précautions au cours des soins, une
exposition minimale au stress ainsi qu'une consultation médicale . Les
patients classés ASA IV sont considérés comme ayant une affection
systémique affaiblissante qui les immobilise et (lui représente un
risque vital . Une consultation médicale s'impose et le traitement . qui
28 CHIRURGIE DENTAIRE ET PATIENTS À RISQUE
nécessite des modifications strictes, doit être réalisé en milieu hospitalier
.
Cette évaluation permet de reconnaître trois formes d'angine
- légère :
- modérée ;
- sévère .
Forme légère
Sera qualifiée de forme légère, toute manifestation observée au plus
une fois par mois, stable, avec une fréquence inchangée, déclenchée
par un exercice intense et traitée de manière symptomatique par la
trinitrine .
Forme modérée
Sera qualifiée de forme modérée toute manifestation observée au
moins une fois par semaine, stable, dont la fréquence a changé au
cours de l'année précédente, déclenchée par une activité ou une
émotion modérée occasionnellement au repos et traitée par la trinitrine,
les dérivés nitrés de longue durée et les fi-bloquants .
Forme sévère
Sera qualifiée de forme sévère toute manifestation observée de
façon quotidienne, dont la fréquence a changé dans les six derniers
mois, déclenchée au repos ou à la suite d'une émotion, d'un exercice
léger ou d'un repas et traitée par association de trinitrine, de
Mbloquants et/ou d'inhibiteurs calciques .
PRÉCAUTIONS À PRENDRE
EN PRATIQUE QUOTIDIENNE
Précautions générales
Consultation et informations médicales

Une consultation sera demandée
- en présence de signes ou de symptômes suggérant que le patient
fait de l'angine de poitrine :
- lorsque même sous traitement, le patient est symptomatique :
- lorsque le patient sujet à l'angine de poitrine n'a pas consulté dans
l'année qui précède ou lorsque, présentant plusieurs facteurs de
risques, il n'a pas été évalué médicalement (examen physique, ECG)
dans les 12 à 18 mois qui précèdent .

Le médecin traitant sera consulté
ANGINE DE POITRINE
29
- en cas d'incertitude sur l'état de santé du patient ou chez le patient
diagnostiqué pour connaître précisément son état de s anté . l a sévérité
de l'affection, la nature (lu traitement suivi (prescriptions et posologies
en cas de traitement médical) et le niveau de contrôle :
- pour définir, selon les soins envisagés . les éventuelles modifications
concernant le traitement :
- lorsque d'autres pathologies sont présentes et, ou lorsque le patient
est polymédiqué .
Précautions à l'égard du stress
• Le contrôle de l'anxiété et la réduction du stress doivent constituer
les préoccupations prioritaires (tu praticien . Ces précautions
nécessitent une excellente mise en confiance du patient non seulement
à l'égard du praticien niais aussi du personnel . Le patient sera
encouragé à s'exprimer et le praticien devra être à l'écoute des
questions (lu patient . Chez un grand nombre (le patient, l'anxiété
peut être réduite par une prémédication sédative . Les benzodiazépines
qui ont des effets dépresseurs limités sur le système cardiovasculaire
constituent le meilleur choix dans le cadre d'une sédation
pharmacologique par voie orale . Cependant, la sédation par
inhalation de protoxyde d'azote reste le meilleur moyen d'anxiolyse
peropératoire chez les patients avant une cardiopathie ischémique.
La sédation par voie intraveineuse, qui n'est pas contre-indiquée,
sera réalisée en milieu hospitalier tout particulièrement dans les
formes sévères.

Les soins, si possible de courte durée, seront de préférence (bien
que discutable) réalisés le matin .

Le patient sera revu ultérieurement si toute manifestation d'appréhension
ou d'anxiété apparaît pendant le rendez-vous .
Précautions à prendre dans le cadre de l'anesthésie
• Comme pour tout patient présentant une affection cardiovasculaire .
l'administration des anesthésiques tout particulièrement au cours des
anesthésies locales doit se faire avec prudence.
• L'utilisation des vasoconstricteurs n'est pas contre-indiquée (voir
chapitre 2) . mais il est recommandé de ne pas dépasser 0 .04 mg
d'adrénaline . ce qui correspond à 2 carpules à 1 :1(N) (0) ou 4 carpules
à 1 :200 00(l . Dans tous les cas, une aspiration avant injection doit être
réalisée pour s'assurer (lue cette dernière n'est pas intravasculaire . De
plus, cette injection se fera lentement . L'usage des vasoconstricteurs
sera exclu chez les patients non contrôlés ou sujets à des troubles du
rythme. Dans ces cas là, la mépivacaïne 3 p . 100 ou la prilocaine
seront utilisées .
30
CHIRURGIE DENTAIRE ET PATIENTS À RISQUE
Précautions à l'égard du traitement
suivi par le patient
• Il n'y a pas de modification particulière à apporter au traitement
suivi par le patient . Au contraire, le patient angineux et sous traitement
sera invité à amener sa trinitrine à chaque consultation . Une administration
sera alors réalisée afin de prévenir de potentielles difficultés
cardiovasculaires .

Si des modifications doivent être envisagées, elles le seront en
accord avec le médecin traitant .
• Certains médicaments, en raison de leurs effets secondaires,
peuvent interférer sur les soins . Par exemple, les dérivés nitrés
peuvent être à l'origine d'hypotension et de syncope ; les vasodilatateurs
y compris les dérivés nitrés peuvent être à l'origine de céphalées
et/ou de tachycardie ; les (3-bloquants sont à l'origine de bradycardie
et de fatigue, ils peuvent masquer une hypoglycémie ; les
inhibiteurs calciques peuvent être à l'origine de céphalées .
Précautions à l'égard du risque infectieux
• Les mesures universelles d'hygiène et d'asepsie doivent être
respectés pour réduire au minimum le risque de transmission croisée
de pathologies infectieuses bactériennes et/ou virales .
Précautions à prendre dans le cadre de la prescription
• La prescription de paracétamol ou de tout autre antalgique ainsi
que les anti-inflammatoires non stéroidiens ne présentent pas de
contre-indication .

En raison de leurs effets cardiodépresseurs, les barbituriques et les
narcotiques sont à éviter .
Précautions à l'égard de pathologies concomitantes
et/ou de complications associées
• La présence de pathologies et/ou de complications associées (insuffisance
rénale, diabète, etc .) nécessite de prendre en plus les précautions
qui sont spécifiques à ces pathologies et/ou ces complications
ainsi que vis-à-vis des prescriptions qui s'inscrivent dans leurs traitements
.
Précautions à prendre dans le cadre
de soins urgents
• Si des soins urgents s'imposent . dans l'attente d'une évaluation
médicale . seul le minimum sera réalisé . Dans les formes sévères . les
soins seront réalisés en milieu hospitalier sous surveillance médicale .
ANGINE DE POITRINE
31
Précautions spécifiques
Ces précautions sont fonction de la sévérité du cas et des soins qui
sont envisagés .
Chez le patient présentant une forme
d'angine légère
• Les procédures chirurgicales et non chirurgicales pourront être
réalisées tout en respectant les précautions générales présentées cidessus.
Chez le patient présentant une forme modérée
• Seuls les actes de diagnostic (examen endobuccal, prise de clichés
radiographiques, prise d'empreintes), d'orthodontie et de dentisterie
opératoire simple pourront être envisagés sans protocole particulier .
• Les actes chirurgicaux simples (avulsions simples, chirurgie parodontale
d'assainissement sans lambeau, etc .), les actes de dentisterie
plus complexes ainsi que les détartrages et surfaçages ne seront
réalisés qu'en association avec une prise prophylactique de trinitrine
(0,30 .4 mg) en sublingual administrée avant l'acte . Les autres précautions
générales doivent être respectées .
• En ce qui concerne les autres actes chirurgicaux : avulsions
multiples, chirurgie nécessitant un lambeau d'accès (chirurgie périapicale
ou parodontale et avulsions unitaires ou multiples de dents
incluses), les mêmes précautions doivent être prises . Cependant,
selon l'importance des actes, ceux-ci pourront être réalisés en milieu
hospitalier .
Chez le patient présentant une forme sévère
• Seuls les actes relevant du diagnostic pourront être réalisés dans les
conditions normales. Pour toute autre procédure, un avis médical doit
être pris .
• Les soins simples de dentisterie opératoire pourront être pratiqués
en respectant scrupuleusement les précautions générales présentées
ci-dessus.
• Les actes chirurgicaux simples et les actes de dentisterie plus
élaborés seront préférentiellement réalisés en milieu hospitalier et
seront à discuter avec le praticien traitant .
• Une attention particulière doit être portée aux patients qui sont
sous doses importantes d'anti-angoreux (supérieures à 160 mg de
propranolol/j) . En effet, selon l'importance de l'intervention et le type
d'anesthésie. ce médicament devra être administré par voie intraveineuse
et un avis médical est fortement souhaité. En fait . chez un
32
CHIRURGIE DENTAIRE ET PATIENTS À RISQUE
patient présentant une angine instable, aucun soin ne sera envisagé
jusqu'à stabilisation des symptômes .
Crise d'angor au fauteuil
Traitement
Le chirurgien-dentiste doit posséder de la trinitrine dans sa trousse
d'urgence . Si une attaque se manifeste au fauteuil . les soins seront
immédiatement arrêtés, le patient sera placé dans une position à 45 ° et
0.3 à 0 .4 mg de trinitrine seront administrés par voie sublinguale. La
douleur doit régresser dans les 3 à 5 minutes . Si le patient est stable
mais que la douleur est toujours présente. une nouvelle administration
sera réalisée . L'apparition de maux de tête suggère qu'une dose
thérapeutique a été donnée. Si après 2 à 3 minutes, la douleur se poursuit,
il faut appeler en extrême urgence une équipe de secours médicalisée
(SAMU . SMUR ou pompiers) . Trois comprimés peuvent être
administrés sur une période de 15 minutes. Cependant, si la douleur
persiste un infarctus du myocarde sera fortement suspecté . De l'oxygène
sera administré à raison de 4 à 6 1/min . Par a illeurs . la tension du
patient sera prise . Si la tension systolique est inférieure à 100 . le
patient sera placé en décubitus dorsal . Dans tous les cas, le praticien
doit être prêt à réaliser, si nécessaire, une réanimation cardioventilatoire
.
Prévention
Bien qu'il soit indispensable de savoir et de pouvoir traiter une
attaque angineuse, la priorité reste toutefois de prévenir toute manifestation
. Les principes généraux de cette prévention reposent : sur de
bons rapports praticien-patient, sur des rendez-vous programmés le
matin (bien que cette démarche soit controversée par certains
auteurs) et de courte durée associés à une prescription anxyolytique,
sur l'administration prophylactique de trinitrine, sur l'utilisation de
techniques de sédation efficaces et sur la réalisation éventuelle des
soins en milieu hospitalier .
POUR EN SAVOIR PLUS
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9 : 1 .
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Traité de médecine . Paris, Flammarion Médecine-Sciences, 3^ Ed ., 1996 .
ANGINE DE POITRINE
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LEVINER E, TzuKERT AA, MOSSERI M et al . Perioperative hemodynamic changes in ischemic
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MAC AFEE KA, CHISDAK B, HERS- EV . Angina pectoris-diagnosis and treatment in the outpatient
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PRÉCAUTIONS À PRENDRE EN PRATIQUE QUOTIDIENNE

• Chez le patient diagnostiqué, cette évaluation est destinée à
préciser la sévérité et les éventuelles complications associées, ainsi
qu'à connaître la nature du traitement et son efficacité (la nature des
médications témoigne de la sévérité de l'hypertension) . Cette évaluation
permet un éventuel dépistage chez le patient non diagnostiqué .
HYPERTENSION ARTÉRIELLE 1 5
• Bien que le diagnostic d'hypertension et les modalités thérapeutiques
soient des décisions qui appartiennent au médecin traitant, le
chirurgien-dentiste a un rôle significatif dans le dépistage des patients
hypertendus et dans le contrôle de l'efficacité thérapeutique . En effet .
un patient peut tout à fait ignorer qu'il est hypertendu et le praticien
peut être le premier à détecter une tension artérielle élevée et/ou des
symptômes d'hypertension . Dans un tel cas . le patient sera adressé
pour évaluation médicale et traitement. Par ailleurs, un patient suivi
peut avoir une tension mal contrôlée en raison d'uu traitement inapproprié
ou d'une mauvaise observance .
• En raison essentiellement du stress, de l'anxiété et de l'usage des
vasoconstricteurs associés aux soins buccodentaires (chirurgicaux et
non chirurgicaux) et donc du risque d'exacerbation d'une tension
élevée préexistante et des possibilités d'accidents cérébrovasculaires
ou d'infarctus du m yocarde. i l est indispensable d'identifier les
patients hypertendus (non contrôlés ou non diagnostiqués) avant
d'entreprendre des soins . De plus, en raison des effets secondaires
associés à certaines médications antihypertensives ou destinées à
traiter les complications de l'hypertension et des possibles interactions
avec les médications utilisées par le praticien, il est indispensable
de connaître la nature (les traitements suivis par les patients .
Dans tous les cas, l'enquête médicale est déterminante aussi bien en
ce qui concerne les signes et syrnptiomes mais aussi en ce qui
concerne les médicaments pris par le patient .
• La prisa de la tension artérielle doit constituer une des étapes de
l'enquête médicale . Pour tout nouveau patient. deux enregistrements
de la tension artérielle doivent être réalisés au repos à quelques
minutes d'intervalle et les résultats doivent être moyennés . La valeur
obtenue servira de référence (le base .
• Lorsqu'un patient est adressé pour évaluation . diagnostic et traitement.
le praticien doit informer le médecin généraliste ou spécialiste
du plan de traitement envisagé (soins chirurgicaux ou non chirurgicaux).
Puis il s'informera de la nature précise du problème (lu patient
et du traitement mis en place .
• Selon la classification élaborée par la Société Ain ricaine (les Anesthésistes
(ASA), les patients hypertendus appartiennent à la classe II
s'il n'y a pas de complication associée . ils appartiennent à la classe III
lorsque l'hypertension est compliquée par une autre pathologie .
Rappelons que les patients appartenant à ta classe Il présentent une
affection systémique légère à modérée avec des facteurs de risque
significatifs . qui sont médicalement stables et qui nécessitent la prise
de précautions lors des soins ainsi qu'une exposition minimale au
stress. Les patients appartenant à la classe III sont considérés comme
ayant une affection systémique sévère nécessitant . d'une part. les
mêmes précautions que dans la classe Il (mais elles sont plus conséquentes)
et . d'autre part . une consultation médicale .
16
CHIRURGIE DENTAIRE ET PATIENTS A RISQUE
Cette évaluation tenant compte de la classification ASA et de
l'interrogatoire permet de définir quatre catégories de patients
pouvant être rencontrés en pratique quotidienne
- patients présentant une hypertension contrôlée ou légère :
- patients présentant une hypertension modérée:
- patients présentant une hypertension sévère :
- patients présentant une hypertension maligne .
PRÉCAUTIONS À PRENDRE
EN PRATIQUE QUOTIDIENNE
Précautions générales
Consultation et informations médicales

Une consultation sera demandée
- en présence de signes ou de symptômes suggérant que le patient est
hypertendu ;
- lorsque même sous traitement le patient est symptomatique :
- lorsque le patient, hypertendu, n'a pas consulté dans l'année qui
précède.

Le médecin traitant sera consulté
- pour connaître précisément l'état de santé du patient, la nature du
traitement (prescriptions et posologies en cas de traitement médical)
suivi par celui-ci :
- pour définir, selon les soins envisagés . les éventuelles modifications
concernant le traitement ;
- lorsque d'autres pathologies sont présentes et/ou lorsque le patient
est polymédiqué.
Précautions à l'égard du stress
• Le contrôle de l'anxiété et la réduction du stress doivent constituer
les préoccupations prioritaires du praticien . Ceux-ci nécessitent une
excellente mise en confiance du patient non seulement à l'égard du
praticien mais aussi du personnel . Le patient sera encouragé à s'exprimer
et le praticien devra être à l'écoute des questions du patient .
Chez un grand nombre de patient . l'anxiété peut être réduite par
une prémédication sédative . Les benzodiazépines . qui ont des effets
dépresseurs limités sur le système cardiovasculaire, constituent le
meilleur choix dans le cadre d'une sédation pharmacologique par voie
orale . Cependant, la sédation par inhalation de protoxyde d'azote
reste le meilleur moyen d'anxiolyse peropératoire chez les patients
hypertendus car le protoxyde d'azote dans le cadre de la sédation
consciente n'a aucune incidence cardiovasculaire . La sédation par
HYPERTENSION ARTERIEtI.E
1 7
voie intraveineuse qui n'est pas contre-indiquée sera réalisée en
milieu hospitalier tout particulièrement dans les formes sévères .

Les soins, si possible de courte durée . seront de préférence réalisés
le matin .

Le patient sera revu ultérieurement si toute manifestation d'appréhension
ou d'anxiété apparaît pendant le rendez-vous .
Précautions à prendre dans le cadre de l'anesthésie
• En raison des effets cardiostimulants (donc hypertenseurs) des
catécholamines, les anesthésies locales avec vasoconstricteurs
doivent être envisagées avec certaines précautions chez le patient
hypertendu . En fait ces précautions intéressent les modalités d'administration
et les posologies, car l'usage des vasoconstricteurs dans le
cadre de l'hypertension est aujourd'hui admis par la communauté
scientifique et médicale .
L'utilisation d'adrénaline ou d'autres vasoconstricteurs est d'usage
courant dans la pratique de l'anesthésie locale . En effet. l'adjonction
d'un vasoconstricteur permet non seulement de retarder l'absorption
systémique de la solution anesthésique et accroître ainsi l'intensité et
la durée de l'anesthésie tout en diminuant les risques de toxicité systémique,
niais elle permet aussi une hémostase locale .

un patient hypertendu est de provoquer une poussée hypertensive
suite à une injection rapide importante et, ou à une injection intravasculaire
.
11 faut rappeler qu'un individu normal adulte produit au repos
0,014 nmg d'adrénaline par minute . ce qui correspond à la quantité
présente dans une carpule à 1 :1(X1 000 . Lorsqu'un individu est stressé
(par la douleur ou l'anxiété), la production endogène d'adrénaline
s'accroît de manière importante et dans des proportions bien supérieures
aux quantités habituellement administrées lors d'une anesthésie
locale, Il est donc clair que s'abstenir d'administrer de l'adrénaline
chez un patient hypertendu n'est pas justifié si le temps
d'administration et les dosages sont respectés .
En ce qui concerne le dosage, il est recommandé de ne pas
dépasser 0.04 ing d'adrénaline, ce qui équivaut à 2 carpules à 1 :1(X) 000
ou 4 carpules à 1 :200 (XX) .
En ce qui concerne les modalités d'administration, une aspiration
avant l'injection doit être réalisée pour s'assurer que cette dernière
n'est pas intravasculaire, cette injection se fera lentement .
• Le potentiel d'interaction entre certains agents hypotenseurs et les
vasoconstricteurs constitue un autre sujet de discussion . Pour les G3-
bloquants, le problème est lié à l'inhibition de la vasodilatation
vasculaire compensatrice et donc à une élévation de la tension artérielle
lorsqu'une injection d'adrénaline est associée aux 5-bloquants .
1 8
CHIRURGIE DENTAIRE ET PATIENTS À RISQUE
Cependant, un seul cas a été rapporté dans la littérature, mais il faut
souligner que l'adrénaline avait été utilisée à des doses très largement
supérieures à celles utilisées normalement .
• L'association aux antagonistes adrénergiques périphériques suscite
aussi certaines interrogations . Cependant, là encore bien qu'il existe
un potentiel d'interaction, l'expérience clinique montre qu'un usage
approprié des vasoconstricteurs dans le cadre des anesthésies locales
peut être recommandé en toute sécurité .
• Enfin, Il faut souligner que les médications antihypertensives sont
potentialisées par les anesthésiques généraux et peuvent être à l'origine
d'hypotension sévère . Ainsi, d'une façon générale, il est préférable
de traiter les patients hypertendus sous anesthésie locale ou
locorégionale . Si une anesthésie générale est indispensable, elle sera
réalisée par un anesthésiste qualifié en raison des risques sévères
d'hypotension .
Précautions à l'égard du traitement
suivi par le patient
• En général, il n'y a pas de modification particulière à apporter au
traitement suivi par le patient à l'exception des patients qui sont sous
corticoïdes ou qui ont été sous corticoïdes dans l'année qui précède .
En effet, ils sont sujets à une insuffisance surrénale et sont très
exposés aux complications induites par le stress . Ainsi, ces patients
nécessitent le plus souvent une prescription complémentaire de corticoïdes
dans le cadre des soins (voir chapitre 16) . Celle-ci sera déterminée,
quant à sa nature et son dosage, avec le médecin traitant du
patient . Si des modifications doivent être envisagées, elles le seront en
accord avec le médecin traitant .
Par ailleurs, le praticien doit avoir à l'esprit que les hypotenseurs
peuvent être à l'origine d'effets secondaires ou d'interactions médicamenteuses
. Par exemple
- les bloquants adrénergiques peuvent causer : bradycardie, insomnie
et masquer une hypoglycémie;
- les inhibiteurs de l'enzyme de conversion peuvent être à l'origine
de rash, de céphalées et de troubles du goût ;
- les inhibiteurs adrénergiques peuvent induire fatigue et xérostomie :
- les j -bloquants utilisés en association avec l'adrénaline peuvent
être à l'origine d'hypertension sévère .
Précautions a I egard du risque infectieux
• Les mesures universelles d'hygiène et d'asepsie doivent être
respectées pour réduire au minimum le risque de transmission
croisée de pathologies infectieuses bactériennes et/ou virales .
HYPERTENSION ARTERIEUE
19
Précautions à prendre dans le cadre
de la prescription
• Les précautions à prendre dans le cadre de la prescription
concernent l'usage (les vasoconstricteurs . Ceci, d'une façon générale
chez le sujet hypertendu et dans le cas particulier d'un traitement
antihypertenseur à base de l.3-bloquants Ces deux cas de figures sont
discutés ci-dessus dans le cadre des précautions à prendre face à
l'anesthésie .
• En raison (les épisodes d'hypotension pouvant être induits par l'association
antihypertenseur; sédatif . l'utilisation de ces derniers devra
se faire avec la plus grande prudence . Les effets possibles sur la
tension artérielle . résultant d'interactions médicamenteuses impliquant
des prescriptions faites quotidiennement, sont présentés dans le
tableau 2-IV,
Tableau 2-IV Effets possibles sur la tension artérielle résultant d'interactions
médicamenteuses impliquant des prescriptions pouvant être faites
par le praticien.

CHIRURGIE DENTAIRE ET PATIENTS À RISQUE
Précautions à l'égard de pathologies concomitantes
et/ou de complications associées
• La présence de pathologies et/ou de complications associées ( insuffisance
rénale, diabète, etc .) nécessite de prendre en plus les précautions
qui sont spécifiques à ces pathologies et/ou à ces complications
ainsi que vis-à-vis des prescriptions qui s'inscrivent dans leurs traitements.
Précautions à prendre dans le cadre de soins urgents
• Si le patient présente une tension diastolique comprise entre 90 et
99 mmHg et qu'il est sous contrôle médical, tous types de soins y
compris les soins urgents peuvent être envisagés dans la mesure où
sont prises en compte les précautions exposées précédemment, tout
particulièrement en ce (lui concerne l'anxiété et le dosage de l'adrénaline
.
• Si le patient présente une tension diastolique comprise entre 100 et
109 . le patient doit consulter pour un meilleur contrôle . Si le praticien
traitant considère qu'il a atteint le meilleur niveau de contrôle, les
soins urgents peuvent être réalisés avec les précautions qui s'imposent
. S'il s'agit de soins importants, ils seront réalisés sous sédation en
milieu hospitalier .
• Si la tension diastolique est supérieure à 110 mmHg . aucun soin ne
sera envisagé avant consultation et mise en place d'un traitement ou
réévaluation du traitement en cours .

Si le patient présente une symptomatologie, les soins urgents seront
réalisés en milieu hospitalier sous surveillance médicale .
Autre(s) précautions)
• En raison des effets secondaires liés à certains antihypertenseurs,
en particulier leur capacité à induire des épisodes d'hypotension
posturale, les changements brusques de position seront à éviter .
Précautions spécifiques
Patient présentant une hypertension contrôlée ou légère
(tension diastolique comprise entre 90 et 99 mmHg)
• Le patient présentant une hypertension contrôlée ou légère est apte
à tolérer, toutes les procédures non chirurgicales ainsi que les procédures
chirurgicales simples (avulsions simples, curetage, plastie gingivale,
etc.) dans la mesure où sont prises en compte les précautions
exposées précédemment tout particulièrement en ce qui concerne
l'anxiété et le dosage de l'adrénaline .
HYPERTENSION ARTÉRIELLE
21
• Les avulsions multiples. l a chirurgie parodontale . l a chirurgie périapicale,
l'avulsion de dents de sagesse incluses. nécessitent une sédation
efficace . Là encore la sédation au protoxyde d'azote constitue une
excellente approche peropératoire .
Patient présentant une hypertension modérée
(tension diastolique comprise entre 100 et 109 mmHg)

S'il s'agit d'un patient qui vient d'être diagnostiqué comme étant
modérément hypertendu . i l sera adressé pour évaluation et traitement .
• Si le patient a déjà été diagnostiqué et qu'il est traité mais présente
toutefois une hypertension modérée persistante, il sera réadressé au
praticien qui le suit pour une réévaluation (lu traitement et l'éventuelle
mise en place d'une thérapeutique plus agressive .
• En règle générale, chez le patient présentant une hypertension
modérée, toutes les procédures non chirurgicales peuvent être réalisées
dans les conditions habituelles . La réalisation de traitements
chinirgicaux simples y compris l'endodontie nécessite l'adjonction de
techniques de sédation .
• Les procédures chirurgicales dites intermédiaires (avulsions
multiples, chirurgie nécessitant de récliner un lambeau et les procédures
dites avancées (avulsions multiples de dents incluses, avulsions totales,
chirurgie implantaire) ne doivent pas être réalisées en cabinet . Associés
à une sédation efficace, ces actes doivent en effet être envisagés en
milieu hospitalier où un environnement médical est présent aussi bien
en cas de poussée hypertensive que d'hémorragie importante .
Patient présentant une hypertension sévère
(tension diastolique comprise entre 110 et 119 mmHg)
ou très sévère (tension diastolique supérieure à 120 mmHg)
• Chez ce type de patient, seules les procédures non chirurgicales
limitées à l'examen clinique endobucca, aux instructions d'hygiène, à
la prise de radiographies et à la prise d'empreintes pourront être réalisées.
Ce type de patient doit être adressé pour une évaluation ou une
réévaluation médicale plus complète avant d'envisager d'autres types
de soins .
Patient présentant une hypertension maligne

Il s'agit d'une urgence médicale ; le patient doit être immédiatement
évacué et pris en charge sur le plan médical .
POUR EN SAVOIR PLUS
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ÉVALUATION EN PRATIQUE QUOTIDIENNE

• Chez le patient diagnostiqué, cette évaluation est destinée à
préciser la sévérité et les éventuelles complications associées, ainsi
qu'à connaître la nature du traitement et son efficacité (la nature des
médications témoigne de la sévérité de l'hypertension) . Cette évaluation
permet un éventuel dépistage chez le patient non diagnostiqué .
HYPERTENSION ARTÉRIELLE 1 5
• Bien que le diagnostic d'hypertension et les modalités thérapeutiques
soient des décisions qui appartiennent au médecin traitant, le
chirurgien-dentiste a un rôle significatif dans le dépistage des patients
hypertendus et dans le contrôle de l'efficacité thérapeutique . En effet .
un patient peut tout à fait ignorer qu'il est hypertendu et le praticien
peut être le premier à détecter une tension artérielle élevée et/ou des
symptômes d'hypertension . Dans un tel cas . le patient sera adressé
pour évaluation médicale et traitement. Par ailleurs, un patient suivi
peut avoir une tension mal contrôlée en raison d'uu traitement inapproprié
ou d'une mauvaise observance .
• En raison essentiellement du stress, de l'anxiété et de l'usage des
vasoconstricteurs associés aux soins buccodentaires (chirurgicaux et
non chirurgicaux) et donc du risque d'exacerbation d'une tension
élevée préexistante et des possibilités d'accidents cérébrovasculaires
ou d'infarctus du m yocarde. i l est indispensable d'identifier les
patients hypertendus (non contrôlés ou non diagnostiqués) avant
d'entreprendre des soins . De plus, en raison des effets secondaires
associés à certaines médications antihypertensives ou destinées à
traiter les complications de l'hypertension et des possibles interactions
avec les médications utilisées par le praticien, il est indispensable
de connaître la nature (les traitements suivis par les patients .
Dans tous les cas, l'enquête médicale est déterminante aussi bien en
ce qui concerne les signes et syrnptiomes mais aussi en ce qui
concerne les médicaments pris par le patient .
• La prisa de la tension artérielle doit constituer une des étapes de
l'enquête médicale . Pour tout nouveau patient. deux enregistrements
de la tension artérielle doivent être réalisés au repos à quelques
minutes d'intervalle et les résultats doivent être moyennés . La valeur
obtenue servira de référence (le base .
• Lorsqu'un patient est adressé pour évaluation . diagnostic et traitement.
le praticien doit informer le médecin généraliste ou spécialiste
du plan de traitement envisagé (soins chirurgicaux ou non chirurgicaux).
Puis il s'informera de la nature précise du problème (lu patient
et du traitement mis en place .
• Selon la classification élaborée par la Société Ain ricaine (les Anesthésistes
(ASA), les patients hypertendus appartiennent à la classe II
s'il n'y a pas de complication associée . ils appartiennent à la classe III
lorsque l'hypertension est compliquée par une autre pathologie .
Rappelons que les patients appartenant à ta classe Il présentent une
affection systémique légère à modérée avec des facteurs de risque
significatifs . qui sont médicalement stables et qui nécessitent la prise
de précautions lors des soins ainsi qu'une exposition minimale au
stress. Les patients appartenant à la classe III sont considérés comme
ayant une affection systémique sévère nécessitant . d'une part. les
mêmes précautions que dans la classe Il (mais elles sont plus conséquentes)
et . d'autre part . une consultation médicale .
16
CHIRURGIE DENTAIRE ET PATIENTS A RISQUE
Cette évaluation tenant compte de la classification ASA et de
l'interrogatoire permet de définir quatre catégories de patients
pouvant être rencontrés en pratique quotidienne
- patients présentant une hypertension contrôlée ou légère :
- patients présentant une hypertension modérée:
- patients présentant une hypertension sévère :
- patients présentant une hypertension maligne .

Hypertension artÉrielle Le

â L'hypertension est une ÉlÉvation chronique et persistante de la
tension artÉrielle qui, non traitÉe est . entre autres, è l'origine de
complications cardiovasculaires sÉv•res . Celles-ci sont directement
proportionnelles è l'ÉlÉvation de la tension systolique et diastolique .
â Il est arbitrairement admis qu'un patient est hypertendu lorsque sa
tension est supÉrieure è 140 ;'90 (systolique qui reprÉsente la pression
du flux sanguin dans les art•res au moment de la pulsation
cardiaque; diastolique qui reprÉsente la pression (tans les art•res entre
2 pulsations cardiaques) si cette ÉlÉvation de la tension est retrouvÉe
au moins è 3 reprises au cours de 2 auscultations diffÉrentes .
â Chez l'adulte, l'hypertension diastolique peut étre normalement
ÉlevÉe, lÉg•re, modÉrÉe ou sÉv•re . Une tension systolique supÉrieure
ou Égale è 16(1 mmHg associÉe è une tension diastolique normale
dÉfinit une hypertension systolique isolÉe .
Ce chapitre a ÉtÉ relu par le Pr G . Site.
CHIRURGIE DENTAIRE ET PATIENTS À RISQUE
•La classification de l'hypertension chez l'adulte est présentée dans
le tableau 2-I .
Tableau 2 .1 Classification de Io tension artérielle chez l'adulte (D'après le
5 • rapport du Comité national de détection, d'évaluation et de traitement de l'hypertension
()NCV( . Arch Int Med, 1993, 153 : 154-183) .

 











0) En mmHg.
• A noter, que chez l'enfant et la femme, la tension artérielle est plus
basse . Ainsi une lecture à 120/80 peut indiquer une élévation anormale.
•L'incidence de l'hypertension est plus élevée chez les sujets âgés,
et 80 p. 100 des patients présentent des antécédents familiaux .
•Le stress, l'obésité, le diabète et l'alcool sont considérés comme des
facteurs de risques essentiels .
• Les hommes jeunes sont plus exposés que les femmes jeunes . Chez
les sujets âgés, c'est le cas inverse. La forme légère est beaucoup plus
fréquente que la forme sévère .
• Cinquante pour cent de la population hypertensive y prête attention,
et parmi celle-ci seulement 50 p . 100 des patients ont une tension
contrôlée par un traitement_
Étiologie et classification
Il existe trois types d'hypertension : primaire, secondaire et maligne .
Hypertension primaire
Observée dans 95 p . 100 des cas d'hypertension, la forme primaire
est sans aucune cause spécifique qui puisse être mise en évidence .
Elle est aussi qualifiée d'hypertension essentielle . La pathogénie de
cette forme d'hypertension est multifactorielle : facteurs génétiques et
environnementaux semblent jouer un rôle important . Cependant
d'autres facteurs peuvent être impliqués : hyperactivité du système
nerveux sympathique, effets du système rénine-angiotensine-aldosté-
Systolique Diastolique
Normale <130 1 1 <8 ;,
Normalernent élevée 130-139 85.8r1
Hypertension
•légère (stade I) 140-159 90-99
•modérée (stade II) 160-179 100-1(19
•sévère (stade III) 180-209 I10-119
•très sévère (stade IV) >_210 >_120
HYPERTENSION ARTERIELLE
1 1
rune . déficience de la natriurèse . variations de concentration sodique
et calcique intracellulaire . Enfin, certains facteurs peuvent exacerber
ou précipiter l'hypertension chez les sujets prédisposés : il s'agit de
l'obésité et de l'abus d'alcool (bien qu'il favorise l'augmentation de la
tension artérielle via l'augmentation des catécholamines plasmatiques).
Hypertension secondaire
Chez 5 p . 100 des sujets hypertendus . une cause précise peut être
identifiée après une évaluation médicale complète . Cette forme d'hypertension
est qualifiée d'hypertension secondaire . Les causes
communément évoquées sont l'insuffisance rénale, la sténose d'une
artère rénale . l'hyperaldostéronisme primaire, le syndrome de
Cushing . le phéochromocytome, la coarctation de l'aorte . la grossesse
et d'autres causes telles que l'hyperparathyroidie . l'hvpercalcémie .
l'acromégalie ainsi que certaines maladies neurologiques .
Hypertension maligne
Il s'agit d'une forme sévère et rare d'hypertension caractérisée par
une tension diastolique supérieure ou égale à 120 mmHg . Il s'agit
d'une urgence médicale qui nécessite un traitement hypotenseur
immédiat.
Manifestations cliniques
• L'hypertension légère à modérée est asymptomatique au début . Les
symptômes se manifestent quand la tension diastolique est voisine de
110 à 115 mmllg et qu'elle est à l'origine de lésions des différents
organes, Céphalées (occipitales ou frontales) . troubles de la vision
(sensation de mouches volantes . bourdonnements d'oreille) . épistaxis,
essoufflements . picotements des extrémités et vertiges représentent
les symptômes classiques des manifestations sévères .
• Les signes précoces sont : augmentation de la tension, rétrécissement
des artérioles de la rétine et hémorragies . A un stade plus
avancé, les signes principaux sont : hypertrophie ventriculaire . hématurie
et protéinurie (révélant des lésions rénales) . encéphalopathies .
maladies des artères coronaires, angine . infarctus . insuffisance
cardiaque ou anévrisme de l'aorte .
•Chez le patient hypertendu, il est recommandé avant de débuter un
traitement :
- de réaliser certains dosages : hémoglobine . ionogramme sanguin
avec calcémie . glycémie:
- de réaliser un électrocardiogramme ;
- de rechercher une protéinurie .
CHIRURGIE DENTAIRE ET PATIENTS À RISQUE
Diagnostic
Le diagnostic repose sur la détection de la tension à l'aide d'un
sphygmomanomètre permettant d'en faire la mesure au niveau de la
fosse antécubitale chez le patient allongé, relaxé et au repos . Deux à
trois mesures sont souhaitables pour une mesure précise .
Complications
• Les complications de l'hypertension sont liées soit, à l'élévation de
la pression sanguine (qui a pour effet des changements vasculaires et
cardiaques) . soit à l'athérosclérose .
•Les complications spécifiques sont
- myocardiques : hypertrophie ventriculaire gauche :
- cérébrovasculaires (infarctus cérébral et hémorragies intracérébrales)
:
- rénales (néphrosclérose cause d'insuffisance rénale) ;
- aortique et athérosclérotique .
Traitement
L'objectif du traitement de l'hypertension est de réduire le risque de
séquelles morbides et de décès d'origine cérébrovasculaire, cardiovasculaire
et rénal . Le traitement est fonction de la sévérité de l'hypertension
.
• Un traitement non pharmacologique seul, dont les modalités sont
exposées dans le tableau 2-II, est envisagé chez les patients présentant
une tension diastolique de l'ordre de 90 à 95 mmHg . Il s'agit de réduction
pondérale, de réduction de la consommation d'alcool et d'une
modération de l'apport sodique . La pratique d'exercices isotoniques
reste controversée . De plus . en raison d'un des objectifs du traitement
de l'hypertension qui est de réduire le risque d'affection coronarienne,
les facteurs de risques associés à cette affection seront aussi
Tableau 2-11 Traitement non pharmacologique de l'hypertension (D'après
le 5 • rapport du Comité notional de détection, d'évaluation et de traitement de l'hypertension
()NCV) . Arch Int Med, 1993, 153 : 154-183) .

 









pris en considération (réduction de l'apport lipidique . arrêt de la
consommation de tabac) .
• Ce type de traitement doit être associé à une approche phartnacologique
. dont le schéma général est présenté dans le tableau 2-III . chez
tous les autres patients (diastolique supérieure à 95 . diastolique de 90
à 95 réfractaire au traitement non pharmacologique, chez les patients
diabétiques ou chez les patients présentant d'autres risques coronariens)
. Le traitement pharmacologique a pour but de réduire la tension
artérielle . a u plus près de la valeur désirée en diminuant le volume
sanguin et,'ou les résistances vasculaires périphériques . Le plus
souvent il s'agit d'interférer sur les résistances périphériques .
Tableau 2-III Séquences thérapeutiques de l'hypertension (D'après le 5-
rapport du Comité national de détection, d'évaluation et de traitement de l'hypertension
(JNCV) Arch Int tiled 1993 , ~ 53 - I54-183) .

Les diurétiques et les ) -bloquants sont préférés car la réduction de la morbidité
et de la mortalité associées à ces médicaments a été démontrée . Les inhibiteurs
de l'enzyme de conversion . les antagonistes calciques . les ci-bloquants
et les ex ; (3-bloquants n'ont pas été testés ou montrés de tels effets .
14
CHIRURGIE DENTAIRE ET PATIENTS À RISQUE
Différents traitements antihypertenseurs . utilisés seuls ou en association
sont disponibles : diurétiques. (1-bloquants, inhibiteurs adrénergiques,
vasodilatateurs, inhibiteurs de l'enzyme de conversion de l'angiotensine
et antagonistes calciques . En général, l'utilisation d'une
association de deux ou plusieurs médications présentant différents
modes d'action est présente à doses faibles ou modérées plutôt
qu'une seule drogue à forte dose car les effets secondaires ne sont pas
cumulés . Cette médication de premier choix portera sur un non diurétique
tel qu'un j3-bloquant ou un inhibiteur de l'enzyme de conversion
chez le patient
- sujet à l'hypotension orthostatique en l'absence de traitement, ou de
tachycardie au repos ;
- présentant de l'hypertension rénovasculaire ou des anomalies lipidiques.
Si la médication de premier choix ne permet pas de normaliser la
tension artérielle, une seconde médication sera prescrite . En général,
il s'agit d'une prescription alternative, à savoir un j3-bloquant si un
diurétique a été choisi comme première médication et réciproquement
ou un diurétique plus un, inhibiteur de l'enzyme de conversion .
Si cette association n'est pas satisfaisante, une troisième médication
sera associée . En général, il s'agit d'un vasodilatateur.
Dès qu'un traitement pharmacologique est prescrit, le patient devra
envisager de poursuivre ce traitement toute sa vie .
Manifestations buccales
Il n'existe pas de manifestation buccale spécifique de l'hypertension
artérielle . Cependant, certains médicaments antihypertenseurs (diurétiques,
inhibiteurs adrénergiques centraux, inhibiteurs de l'enzyme de
conversion) quant à eux peuvent être à l'origine notamment
- de xérostomie:
- de réactions lichénoides (localisées sur les muqueuses j ugales . l a
langue et les lèvres) :
- d'hyperplasie gingivale :
- de paresthésie:
- d'accroissement des glandes salivaires .